Dans une société à obédience gérontocratique, comme le village de Sanankoroba, l’une des principales réalisations du Benkadi a d’abord été de favoriser une large participation de toutes les couches de la population au débat public, notamment les jeunes et les femmes, et aux processus décisionnels de la communauté.
L’émergence du Benkadi a permis la redistribution du pouvoir villageois qui restait le monopole du Conseil des Anciens. Ainsi, le pouvoir exécutif a été confié au Benkadi alors que le pouvoir législatif est resté aux mains des Anciens. Les groupes d’âge 1 ont joué le rôle du contrôle villageois. Par ces faits, le Benkadi a contribué à démocratiser la vie citoyenne du village. Sous son action, il est passé d’une gestion traditionnelle par les Anciens à une gestion où toutes les couches de la société ont leur mot à dire.
Conformément à la sagesse africaine qui dit « Aidez-nous à nous passer de l’aide », le Benkadi a orienté ses premières actions sur le développement économique. L’idée était de s’appuyer sur le développement de l’agriculture pour contrer le déficit alimentaire. Cette agriculture modernisée devait servir de levain au développement économique.
Pour ce faire, le premier financement de Sainte-Élisabeth a servi à la mise en place d’un fonds agricole. Ce fonds a permis à de nombreux agriculteurs des différents clans, exclus du système bancaire conventionnel, d’accéder à une source de financement à leur portée et adaptée à leur réalité. C’est ainsi que plusieurs familles se sont équipées en charrues, bœufs de labour, ânes et charrettes. L’accès à l’outil de production par une majorité a rehaussé la production agricole et réduit du coup le déficit alimentaire du village.
Une autre stratégie du Benkadi pour sécuriser la population du point de vue alimentaire a été l’implantation d’une banque de céréales. Cette banque, alimentée au départ par la seule production d’un champ communautaire, a vu grossir ses produits avec l’octroi d’un financement du Benkadi.
Les agriculteurs ont alors commencé à diversifier leurs sources de revenus par l’introduction de cultures de revente, tel que le coton, en plus de développer le maraîchage.
Afin de maintenir l’ardeur de la jeunesse, un système de sonorisation a été financé pour lui permettre de générer des revenus. Ce furent les beaux jours de la discothèque mobile. L’expérience a été brève, mais elle a permis de sensibiliser plusieurs jeunes à l’esprit d’entreprenariat.
Le Benkadi a poursuivi son projet de développement économique en finançant d’autres initiatives telles que l’embouche bovine et ovine, le maraîchage, la Case de l’Amitié et l’atelier de soudure.
Aujourd’hui, le Benkadi dispose d’une institution financière de microcrédit. Il finance de nombreux projets économiques individuels tant du côté des hommes que de celui des femmes.
En faisant le choix du développement économique, le Benkadi a atténué sa dépendance vis-à-vis de Sainte-Élisabeth. Il a pu financer lui-même l’amélioration de plusieurs infrastructures sociales du village. C’est ainsi qu’il a fait construire six nouvelles salles de classe et deux puits à grand diamètre dans deux écoles, en partenariat avec l’organisme Plan International. Il a également financé une partie de la restauration des locaux du centre de santé.
En 1995 et 1998, Sanankoroba a été inondé par les crues de la saison des pluies. Le Benkadi, puisant dans son fonds d’urgence, a acheté des céréales pour des dizaines de familles victimes de la catastrophe.
Le Benkadi a fortement contribué à l’augmentation prodigieuse du taux de scolarité à Sanankoroba. Alors que l’on comptait 300 élèves dans une seule école au début du jumelage, on en dénombre aujourd’hui pas moins de 4 000, dont 46 % de fillettes, dans trois écoles.
C’est que l’amélioration des techniques agricoles a libéré les femmes des grands travaux. De plus, l’allègement de leurs tâches quotidiennes par l’implantation des moulins à céréale et leur insertion dans les circuits économiques ont permis à beaucoup de femmes d’envoyer leurs enfants à l’école, particulièrement les jeunes filles.
Le Benkadi a souvent mobilisé la jeunesse de Sanankoroba pour le reboisement des places du village. Le groupe des femmes procède périodiquement au nettoyage des quartiers et du marché du village. Les élèves ont souvent été mis à contribution pour le ramassage des déchets plastiques.
À la suite de deux inondations, le Benkadi, appuyé par Des Mains pour Demain, par la MRC de D’Autray et par la Fédération canadienne des Municipalités, a engagé un vaste programme d’assainissement qui a doté le village de deux longs collecteurs des eaux de pluie. Ce programme s’est poursuivi par le lotissement du village, porté actuellement par la mairie de Sanankoroba. Tout comme la municipalité poursuit actuellement l’assainissement du village par la mise en œuvre d’un projet de transformation des déchets plastiques et de ramassage des ordures ménagères.
Le Benkadi a permis la revitalisation des structures traditionnelles telles que les clans, le Conseil des Anciens, les groupes d’âges et les associations traditionnelles des femmes. Le comité a permis de les remettre activement au service du développement de Sanankoroba.
Le Benkadi a partagé, avec l’organisme SUCO, son expérience et ses acquis en matière de développement local avec tous les 59 villages des trois communes de Sanankoroba. L’ensemble régional s’est doté d’un comité nommé le « Benba », qui signifie « La Grande Entente ».