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Truc 5 - Ce sont les maliens qui décident

 

Les sages africains disent : « Aidez-nous à nous passer de l’aide. »

Sainte-élisabethL’approche du comité Des Mains pour Demain est l’une des plus originales qui soit. Elle s’est développée tout simplement, sans prétention. Aujourd’hui, elle est reconnue comme l’une des voies de développement les plus porteuses.

Sainte-élisabeth ne dicte rien à Sanankoroba. Tous les projets, toutes les formations, toutes les idées viennent du Mali. Des Mains pour Demain ne fait qu’accompagner la communauté dans son développement.

Les Maliens ont tout ce qu’il faut pour assurer leur propre développement. Ils ont les idées, ils ont le potentiel, ils ont les forces vives. Nous reconnaissons avec eux ce qui leur manque parfois : des mises de fonds et des notions de gestion et d’organisation.

C’est pourquoi le comité Des Mains pour Demain assure un financement et offre aux Maliens des formations visant à renforcer leurs compétences. 

Ce sont les Maliens qui identifient leurs besoins. Ils se réunissent au sein du Benkadi et débattent. à chaque année, une liste de priorités est établie. Il y a 20 ans, le besoin le plus pressant était la sécurité alimentaire. Des années plus tard, les besoins ont évolué à l’image du village. Le développement se raffine.  

Nous allons au rythme des Maliens. Parfois, parce que nous avons de la distance, nous sommes capables de les questionner et de leur faire voir des aspects de leurs projets qu’ils n’avaient pas vus. Nous les conseillons dans certains choix. 

On ne donne pas le poisson à Sanankoroba. La communauté apprend à le pêcher. Parce que ce sont eux qui décident et agissent, les Maliens ont la satisfaction d’avoir du pouvoir sur leur propre développement. Ils en ressortent grandis et dignes. 

« Aidez-nous à nous passer de l’aide » : ces quelques mots expliquent parfaitement la vision du jumelage entre Sainte-élisabeth et Sanankoroba.

Moussa Konaté et l’approche SUCO

Moussa Konaté a amené Jeunesse Canada Monde à Sanankoroba, ce qui a donné naissance au jumelage. C’est lui qui a entretenu la correspondance pendant les premières années. Il est l’un des fondateurs du Benkadi. C’est lui le premier qui a visité Sainte-élisabeth.  Le jumelage lui doit beaucoup.

Moussa KonatéAu début des années 1980, ce jeune enseignant est élu secrétaire général de la jeunesse de la région de Kati, qui englobe Sanankoroba et 500 autres villages. De par ses fonctions, il se déplace beaucoup : « J’ai tellement fréquenté la population à la base, c’est ce qui m’a permis de comprendre les besoins de la communauté », affirme Moussa. Cette connaissance du terrain va lui servir tout au long de sa carrière pour créer une approche de développement local innovatrice.

Le jumelage entre Sainte-élisabeth et Sanankoroba produit rapidement un effet d’entraînement : d’autres villages veulent bénéficier des retombées du partenariat. C’est ainsi que Moussa, devenu agent de l’organisme québécois SUCO 5, ainsi que Claude Giles et Line Caron, en viennent à théoriser une approche inspirée de l’expérience vécue à Sanankoroba. « Je ne suis pas un universitaire du développement local. J’ai appris sur le tas. Le jumelage, c’est ce qui m’a servi de source d’inspiration », explique Moussa.

De fil en aiguille, il devient directeur de SUCO au Mali. Il travaille pendant plusieurs années à raffiner l’approche de développement local, devenue officiellement l’une des deux grandes orientations de l’organisme. Une vingtaine d’ateliers sont dispensés dans chaque village où s’installe SUCO. Toutes les couches de la communauté sont mobilisées. C’est la population qui détermine ses besoins et met en œuvre ses projets de développement.

Parce qu’elle autonomise les communautés et donne des résultats spectaculaires, l’approche de SUCO, développée par Moussa Konaté et ses collègues, est exportée ailleurs dans le monde. Moussa donne des formations au Pérou et à Haïti. Il est invité à donner des conférences en Europe et au Canada. Plusieurs organismes maliens adoptent cette approche dans leurs actions de développement. Jusqu’au gouvernement qui l’adopte : « L’état malien vient de se positionner afin d’étendre à grande échelle l’expérience du développement local née à Sanankoroba », confirme Moussa.

L’œuvre de ce grand homme a profité à des milliers de personnes. Avec le soutien inconditionnel des bénévoles de Des Mains pour Demain et des professionnels de SUCO, Moussa Konaté s’est mis au service de sa communauté et de son pays. Nous n’avons pas fini de mesurer l’étendue de ses retombées.

Karim Traoré

Karim TraoréKarim Traoré est un incontournable du jumelage. Impliqué depuis les tout premiers débuts, il a fait du développement de Sanankoroba et de sa région l’objet de sa carrière en devenant agent de l’ONG SUCO.

« En 1989, je suis allé au Québec pour la première fois. C’était un échange interculturel et j’ai travaillé sur les fermes. ça m’a donné beaucoup d’enthousiasme et ça m’a propulsé au niveau du comité des jeunes de Sanankoroba », explique Karim.

Au fil du temps, Karim gravit les échelons jusqu’à devenir aujourd’hui le principal conseiller de SUCO au Mali.

Il explique comment s’effectue l’identification des besoins de la communauté : « Des membres du Benkadi sont formés pour faire des enquêtes. Ils partent avec des formulaires dans les clans et cumulent les réponses aux questions posées. Cela remonte au niveau du Benkadi qui détermine ensuite les projets et cherche le financement. »

C’est ainsi que les projets mis de l’avant par le Benkadi sont bien appuyés par la communauté puisqu’ils émanent de la population. Karim l’exprime par un proverbe : « Tout changement qui ne prend pas ses racines dans la culture, se trouve déraciné par le premier coup de tempête. »

5. SUCO est un organisme de coopération internationale dont le siège social est à Montréal et qui opère au Mali, à Haïti, au Pérou et au Nicaragua.